RP INTRO - Aalis

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

"Grande Dame, Un message urgent de votre frère !"

Un domestique était apparu aux côtés la princesse sans que celle-ci ne puisse apercevoir son arrivée à l'avance et le visage de l'homme, s'il n'étais pas vraiment paniqué, reflétait une forme d'urgence à ne pas prendre à la légère.

"Il s'agit de Monseigneur le Roi.... Il est infortunément tombé malade et craint pour sa vie. Votre frère vous demande de vous rendre à son chevet car lui-même est obligé d'assumer des affaires urgentes."

Aussi vite qu'il était apparu, le domestique disparut laissant la Princesse à ses décisions.

Aalis, tu as le choix entre courir au chevet de ton père ou tenter malgré tout de faire venir ton frère. Ton Don d'empathie se réveille malgré toi et te fait ressentir une forte souffrance, tu n'a aucun doute, il s'agit de celle de ton père.

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

Comme chaque matin, après un petit déjeuner dans ma chambre princière, je m’étais habillée avec l’aide d’une suivante. J’avais choisi une robe simple de taffetas bleu nuit, au bustier serré et à la jupe large et fluide. Une des domestiques avait relevé ma chevelure frisottante en un chignon dont quelques mèches retombaient sur mes épaules en de sages anglaises. Je ne savais pas du tout comment elle s’y prenait, mais dès que je passais entre ses mains, ma crinière était immédiatement domptée et je ressemblais à une jeune et sage princesse.

J’entrepris après ça de me promener, comme chaque matin, dans les coursives du château. C’était le seul moment où je pouvais me retrouver seule avant qu’un de mes maîtres en justice ou en politique ne vienne me faire cours. J’avais tant à apprendre, parfois cela me décourageait. Les études n’était pas vraiment ma tasse de thé. Mais je le faisais, pour le royaume, pour mon père et pour mon frère. Il aurait besoin de moi quand… Je hochai la tête. Je préférais ne pas y penser, du moins, pas maintenant. Mon père était âgé, je savais que je devrais me résoudre à les perdre un jour. Mais je ne pouvais pas, pas maintenant.

Je marchais dans les couloirs, le regard rêveur. Mes seuls moments de liberté en journée, je les passais à ça, rêver. Cela me permettait de me vider quelque peu la tête, ce qui arrivait rarement. Je m’appuyai contre un mur et soupirai. Ma vie serait tellement plus simple si je n’étais pas née de sang royal.

Je posai une main sur ma poitrine. Depuis ce matin, je sentais une douleur lancinante me transpercer, comme si mes os se liquéfiaient et que l'on m'arrachait les muscles. Je n'avais rien dit, pensant à de violentes courbatures. Mais, c'était de moins en moins crédibles. Je n'aimais pas les guérisseurs et leurs potions infectes, c'est pour cela que je les évitais autant que possible. Mais si cela continuait, je devrais irrémédiablement faire appel à eux. Pour le moment, ce n'était pas assez violent pour que je m'en soucie.

Soudain, j’entendis un domestique m’appeler. J’ouvris les yeux et je me tournai vers lui le regard interrogateur et inquiet. Personne ne venait jamais me déranger dans les coursives, sauf quand il se passait quelque chose de grave. J’attendis qu’il arrive vers moi et m’explique la situation. Il me tendit une missive.. De mon frère. Interpellée par ses mots, je ne le vis pas partir et ouvrit précipitamment la missive. Père était gravement malade.

Dès que je lus ces mots, je fus prise de spasme et dus me retenir au mur. J’avais mal, je souffrais, c’était affreux. Cette douleur se répandait dans tous mes membres J’avais du mal à respirer. J’essayais pourtant de me calmer, mais rien y faisait. Je crus mourir. Pourtant, c'était cette même douleur que je ressentais depuis le matin? Je compris immédiatement que cette douleur était celle de mon père. Je me relevais, doucement, tremblante.

Je pris le temps de réfléchir. Devais-je faire venir mon frère tout de même ? L’état de mon père, sa douleur telle que je la ressentais me préoccupait. Etait-ce le moment ?… Non, impossible, il allait bien, pourtant, la dernière fois que je l’avais vu. Mais mon frère devait être prévenu, si jamais… Puis, je me ravisai. N’étant pas allée le voir, il se poserait certainement des questions. Je décidai donc de me rendre directement au chevet de mon père.

La douleur se fit plus intense. Un instant, j’essayai de repousser ce don, cette empathie qui me faisait ressentir tout ce que les gens pouvaient ressentir. Puis, j’abandonnai. Cela ne servait à rien de lutter. Doucement je m’avançais parmi les couloirs, gardant cette attitude roide et hautaine que mes professeurs m’avait apprise et que j’adoptais à présent. Je faisais abstraction de la douleur qui lancinaient mes membres, sûrement de bien pâle copies de ce que mon père devait subir. Arrivée devant les appartements de mon père, je demandai à ce qu’on m’annonce.

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

La chambre du Roi sentait fort mauvais en vérité, car la maladie régnait en ces lieux. Un immense lit à baldaquin trônait fièrement au milieu de la grande pièce et des domestiques s’affairaient autour d’Erkys, le Monarque respecté.

L’on pouvait aisément percevoir la blancheur de son teint, plus pâle encore qu’à l’accoutumée et la sueur dégoulinant sur son visage. La fièvre était là et usait ses forces. Les traits de son faciès étaient tirés par la souffrance qu’il ressentait, mais en tant que Roi, il ne la montrait pas, ou du moins, faisait de son mieux.

Voyant sa fille arriver dans la chambrée, il tenta sans succès de se redresser puis parla essoufflé.

« Mon enfant… ma chère fille… tu n’aurais…. pas dû venir…… »

Toute l’affection qu’il avait pour Aalis se lisait dans ses yeux, mais aussi la crainte de venir à trépasser devant elle. Il aurait préféré ne pas lui faire subir cette vision de lui-même. Il avait été si fort et si beau en son temps ! Comment une enfant pourrait supporter un tel changement ? Car le Roi voyait toujours la jeune femme comme une toute jeune fille et la maladie n’arrangeait pas sa vision des choses. Mais il était déjà avancé en âge lors de sa naissance et aujourd’hui, il s’apparentait plus à un grand-père qu’à un homme d’âge mûr.

Le regard d’Erkys se fit lointain un instant puis s’éclaira vivement, ses yeux s’écarquillèrent et il les plongea dans ceux d’Aalis, son souffle à nouveau recouvré.

« Ma chérie, il est des choses que tu ignore, des choses que même ton frère ne sait pas mais qui sont pourtant importantes. J’ai juré de ne jamais les dévoiler, mais je ne peux me résoudre à les emporter avec moi dans la tombe. »

Le Roi se tut et ne dit plus mot, comme s’il n’y arrivait pas avant de pousser un gémissement de douleur. Dans ce son, on pouvait ressentir une immense souffrance.

Aalis, à toi de voir si tu veux savoir les « choses que tu ignore ». Si oui, vire les domestiques, si non fais comme tu le sens. Lors du gémissement, tu t’effondre au sol car tu ressens cette douleur.

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

On me fit enfin entrer dans la chambre royale. Dès que j’y pénétrai, j’eus un mouvement de recul. L’ai était totalement vicié par la maladie. Je posai une main sur mon nez et ma bouche, ravalant et gardant pour moi ce dégoût qui se faisait sentir. Malgré l’air puant, je pris une profonde inspiration, me faisant violence, et avançai vers le grand lit à baldaquin qui se trouvait au centre de la pièce.

Les domestiques s’écartèrent automatiquement quand je m’approchai du lit. Je pouvais maintenant voir la souffrance de mon père pas moi-même. Il était d’une pâleur affreuse. Ses traits, généralement si doux, était déformé par la douleur qu’il ressentait. Je me mordis la lèvre inférieure afin de retenir un cri mêlé de douleur et de surprise. Je ne m’attendais pas à le voir si diminuer. Il essayait bien de cacher son mal, mais il transparaissait tout de même.

Il essaya de se redresser en me voyant, en vain. Ce qui m’inquiéta d’autant plus. Je fis les derniers pas qui me séparait du lit avec précipitation et m’agenouillait près de lui.

« Père… Je me devais de venir à votre chevet. Mon frère viendra sans doute plus tard, il est retenu. Etant princesse cadette, sa sœur et avant tout votre fille, ma place est près de vous. »

Je le regardais avec la tendresse que porte une petite fille à son père. Malgré son âge avancé, je l’aimais tendrement et jamais ne l’aurait laissé souffrir seul. Je passais une main douce sur son front… Il était brûlant. Malgré cela, je pouvais lire dans ses yeux tout l’amour qui me portait. Je refoulais les larmes qui me venaient aux yeux. Je savais au fond de moi-même que cette maladie pouvait lui être fatale. Je ne voulais pas le perdre, je ne pourrais m’en remettre…

Il sembla reprendre son souffle. J’écoutai attentivement ce qu’il me dit. Ses paroles m’interpellaient. Je fronça les sourcils. Que pouvait être ses choses que j’ignorais ? Je me relevai et me mis face aux domestiques présents.

« Sortez, tous ! Ne revenez que lorsque je vous le demanderai ! »

Ils s’inclinèrent et sortirent tous aussi rapidement que mon ton était sec et sans appel. Une fois qu’il furent tous sortis, je me tournai de nouveau vers mon père. J’eus à peine le temps de remarquer qu’il souffrait de nouveau qu’il poussa un gémissement . A ce moment, la même douleur me traversa, la même que celle ressentit le matin même. Je ne tins plus sur mes jambes tant la douleur étaient affreuses. Je m’effondrai sur le sol, une main sur la poitrine, les yeux clos. C’était comme si on m’écartelait, une douleur insoutenable. Malgré tout, j’arrivai ouvrir les yeux et à me traîner jusqu’au lit royal. Des larmes coulaient sur mes joues, que je ne pouvais retenir tant j’avais mal.

Je m’assis près du lit et enfouis ma tête entre mes mains. Je souffrais mais ce n’était pas la mienne, c’était celle de mon père, allongé dans son lit, qui gardait sa dignité en tant que roi. Et moi, petit princesse, je n’y arrivais pas… Et ce don… Je ne devais pas le montrer à mon père. Je me tournai donc avec difficulté, face à lui, après avoir essuyé mes larmes. C’est avec une voix saccadée que je lui demandai :

« Père… Quelles sont… ces choses ?… »

J’avais du mal à respirer, mais il fallait que je me contrôle. Personne ne devait savoir, non… Personne ne devait déceler ce don que je cachais depuis maintenant sept ans, pas même mon père.

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

Le Roi vit sa fille tomber à terre malgré sa propre douleur et bien qu'il continua à souffrir, s'adressa à elle de façon claire.

"C'est à propos de ton frère justement. Sache qu'il est plus important qu'il ne le croit. Bien sûr, le royaume repose sur ses épaules, maintenant que la vie semble ne plus vouloir d'un vieil homme tel que moi."

Un éclair de tristesse passa dans les yeux d'Erkys et une larme coula le long de sa joue.

"Ecoute, je sais quelles sont tes capacités.... Toutes tes capacités....."

Silence, instant de compréhension. Le Roi préférait attendre la réaction de sa fille avant de reprendre.

"Sache que tu n'es pas la seule et qu'il y a une raison à tout cela. Je..."

Erkys éclata en sanglots d'une douleur morale, peut-être la seule capable de le mettre dans cet état et encore fallait-il qu'il soit vraiment malade car il ne se serait jamais permis un tel comportement, même devant sa fille... Surtout devant sa fille !

"Ce que je vais te dire devra rester dans ton esprit mais ne jamais être dévoilé à quiconque car ce serait dangereux. J'ignore si j'ai raison de te le dire, mais je pense confusément que ça t'aidera et surtout que ça aidera *quinte de toux* Ekaël.... ton frère."

Comme tu le sens, j'aime faire traîner

Twisted Evil

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

Je me redressai péniblement, regardant mon père, essayant de masquer ma douleur sous un masque neutre que j’avais l’habitude d’utiliser. Je fronçai les sourcils à ses paroles… Mon frère ?… Mais que voulait-il me dire à son propos. Je ne lui posai pourtant aucune question, le laissant parler. Il souffrait, et je ne devais pas l’interrompre avant qu’il n’ait fini.

Je vis une larmes couler doucement sur la joue de mon père, et j’en fus émue. Doucement, je l’essuyai du bout des doigts. Je savais qu’il n’était guère dans ses habitudes de pleurer. C’était un roi après tout, fier et digne. Mais là, un je ne sais quoi libérait ses larmes. Je lui pris doucement la main, sans un mot, pour lui montrer ma présence.

Soudain, il parla de mes capacités… Toutes mes capacités… Cela fut comme un électrochoc pour moi. Je baissai la tête, rougissante, un peu honteuse. J’espérais, au fond de moi, qu’il ne me prenait pas pour un monstre à cause de ce don dont je ne sais qui m’avait affublé. Je me mordis la lèvre inférieure et lançai un regard plein de détresse en sa direction.

« Ainsi… Vous saviez… Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?… Dire que j’ai caché cela pendant des années… »

Pourtant, il me comprenait, je le savais, sentant sa compréhension au fond de moi. Pourtant, ma crainte était toujours là. Je ne sentais aucune aversion ni rejet de sa part. Mais… C’était une crainte de petite fille. Je lui souris tout de même, rassurée par ses sentiments de tendresse et de compréhension.

De nouveau, je fus choquée par les propos de mon père. Je n’étais pas la seule… Ce don… Je le regardai, le regard pleins d’interrogations.

« Qui d’autre, père ?… Que .. ? »

Je n’osai pas poser de questions, de peur d’être indiscrète ou de le brusquer. Inutile de le rendre plus malade qu’il ne l’était déjà. Puis, il explosa en sanglots. Un douleur non physique me transperçait également, et je ne pouvais retenir les larmes de couler. Je sentais à quel point il souffrait. Il portait un lourd fardeau dont je ne réalisais l’ampleur tant il était grand. Je ne pouvais que le soutenir par ma présence.

Puis, il se remit à parler, me disant de garder secret tout ce qu’il me dirait. Il fut pris d’une quinte de toux qui m’inquiéta. Le soutenant, je me demandais que faire pour l’aider à soulager sa douleur, puis, me rendant compte qu’il n’y avait rien à faire, je me contentai d’être là.

« Je vous promet de ne rien dévoiler sous aucun prétexte… Vous pouvez me faire confiance, père. Si cela peut aider Ekaël, mon frère, je le garderai mien et ferait tout pour que cela puisse l’aider tout de même. »

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

Le Roi regardait sa fille presque avec une lueur d’amusement dans les yeux.

« Mon enfant, j’ai toujours su que tu étais particulière et en fait, ce n’est pas si surprenant… »

Il ne précisait pas pourquoi, n’osant pas encore tout dévoiler

« Je ne t’ai rien dit simplement pour respecter ton silence. Je pensais alors que tu aurais bien le temps de me confier ce secret. Mais c’était avant que la Mort ne vienne frapper à ma porte et que je craigne de la lui ouvrir. »

La main d’Erkys, tremblante alla se poser comme une fleur sur la joue d’Aalis, pour une simple caresse.

La décision de la Princesse semblait prise et une fois les domestiques disparus, le Roi était désormais seul avec elle. Il hésitait, ce qu’il avait à dire n’était pas des moindres et son teint blanchissait à vue d’œil. Nul n’aurait pu dire si c’était dû à la maladie ou au secret qu’il avait décidé de dévoiler.

« Ma chérie…. Si tu savais comme ma femme me manque en cet instant. Elle qui a toujours su se montrer compréhensive. Et c’est justement une partie de ce que tu dois savoir. Elle fut pour vous deux une mère aimante et présente jusqu’à son décès soudain. Elle en fut d’autant plus méritante qu’elle savait… »

Le Roi toussa une fois de plus, mais c’était une toux légère, on aurait pu la croire simulée et c’était peut-être bien le cas.

« C’est si dur à dire bon sang ! »

L’agacement rendit un semblant de forces à Erkys et un bref instant, il parut l’ombre du grand Seigneur qu’il avait été, du redoutable guerrier que Démek avait acclamé. Et enfin, la vérité sortit, sèche et abrupte car il ne parvenait pas à la dire autrement.

« Elle n’était pas ta mère de sang ! Voilà ! »

Des larmes abondantes coulèrent de ses joues sous le coup de l’émotion et dans la crainte que sa fille ne puisse lui pardonner et ne le laisse pas expliquer comment cela se faisait.

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

Je fronçai les sourcils en regardant mon père. Beaucoup d’interrogations se bousculaient dans ma tête, et je n’osai toujours pas poser de questions. C’était le roi, et malgré que je sois sa fille, je ne devais pas me montrer trop curieuse.

Quand il parla de sa mort prochaine, une larme s’échappa de mes yeux. Je ne pris pas le temps de l’essuyer, regardant mon père d’un œil tendre. Je me rendais maintenant compte à quel point il était diminué physiquement et cela me fit comme un coup de poignard dans le cœur. Sa fin était proche, je le savais maintenant. Je me retins pourtant de verser mes larmes devant lui. Je ne voulais pas qu’il voit ma détresse, il était bien assez malheureux comme ça.

Il posa une main délicate sur ma joue, qui me fit énormément de bien. Malgré tout, je lisais comme une hésitation dans son regard. A chaque seconde, il palissait de plus en plus, ce qui avait des raisons de m’inquiéter, que ce soit sur sa santé ou sur sa réponse.

Alors il commença à me parler de ma mère. Elle lui manquait et je comprenais totalement ce manque puisqu’elle me manquait énormément à moi aussi. Mes souvenirs me ramenèrent quelques années auparavant, quand mère était encore en vie. Je n’avais pas plus de huit ans. Elle était si douce, si tendre, si affectueuse avec nous. Un vrai bonheur de l’avoir chaque jour à nos cotés. Je venais d’avoir dix ans quand elle nous a quitté.

Je passai une main sur sa joue au moment où il annonça sa difficulté à me faire part du fameux secret. Il était apparemment plus lourd que je ne l’avais pensé.

Puis, ce fut comme si le monde s’écroulait autour de moi. Celle que j’avais cru être ma mère pendant des années n’était en fait pas ma génitrice… Moi qui croyais être de pur sang royal, je n’était en fait que l’enfant illégitime du roi, une princesse au rang volé. Je m’effondrai en sanglots sur le lit, ne pouvait calmer mes larmes qui coulaient librement sur ma joue. Néanmoins, je levai le visage vers mon père et sa détresse me toucha plus qu’elle ne l’aurait du. J’essuyai doucement ses larmes, et le regardait avec une intensité qui m’était propre, cherchant des explications dans ses yeux.

« Père… Pourquoi ?… Comment cela est arrivé et ?… »

Je savais qu’il n’était pas d’usage de poser des questions au roi et surtout d’une telle manière. Mais, pour moi, la situation était grave. C’est pour cela que je me le permettais, au risque de me faire houspiller. Mais, il y avait une réponse que j’exigeais, une question que je n’osai pas posée mais il le fallait. Je plantais mon regard dans celui de mon père, les yeux pleins de compréhension, mais aussi de questions nécessitant des réponses.

Je durcis légèrement mon regard. Malgré la compréhension et l’affection qu’on pouvait y lire, je n’approuvais guère ce qu’il avait fait, et encore moi qu’il ne m’ait rien dit avant ce jour. Je soupirai, mes larmes coulant toujours, mêlées de désespoir, de rage et de doutes. Puis, enfin, je me sentis le courage d’affronter la vérité et fixai de nouveau le roi.

« Qui est ma mère ? »

C’était dit d’un ton ferme, neutre, mais je n’avais guère le choix. Je ne devais pas me laisser envahir par mes émotions, même si pour moi, elle étaient fort complexes à maîtriser. Je tremblai et dus m’accrocher au bord du lit pour que cela ne soit pas visible. J’attendais avec inquiétude et angoisse la réponse de mon père à mes questions, évitant de le regarder, de peur de fondre de nouveau en larmes.

J’avais reçu comme un poignard dans le cœur et cette blessure mettrait certainement longtemps à guérir. Je ne lui en voulais pas pour autant. Tout homme a ses faiblesses, même un roi. Il avait eu les siennes, et je ne pouvais lui en tenir rigueur puisqu’ainsi il m’avait conçu. De multiples sentiments se disputaient en moi et je me sentais perdue. J’espérais de tout cœur que ses réponses m’aideraient à reprendre pied.

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

La réaction d’Aalis n’était pas surprenante. Cette nouvelle avait de quoi la troubler. Mais elle devait penser des choses qui n’étaient pas et le Roi ne pouvait le lui reprocher. Il lui restait encore assez de forces pour des explications. Il l’espérait.

« Ma chérie, ne va pas croire que je fut volontairement infidèle à ta mère. Il s’est avéré au bout de quelques années de notre mariage qu’elle ne pouvait avoir d’enfant, c’est pourquoi nous étions déjà âgés alors que vous êtes nés, toi et ton frère. Il nous fallut trouver une mère pour l’Héritier du royaume sans quoi, nous courrions à la catastrophe. Les choix étaient limités. J’aurais dû prendre une autre femme et ne pouvait m’y résoudre… »

Le Roi avait les yeux perdus dans le vide et sa blancheur s’accentua en même temps que son immobilisme, vision future de son état prochain. Puis il retourna ses yeux vers sa fille et continua.

« Au lieu de cela, nous avons tenté de trouver une femme qui serait à même de nous offrir ce que nous désirions tellement. Et étrangement, c’est elle qui est venue frapper à notre porte. Envoyée selon ses dires par un être ailé. »

Erkys fit une courte pause, le temps de reprendre son souffle et de laisser à la Princesse le temps d’assimiler chaque chose.

« Au début, nous avons cru qu’elle était atteinte de folie car elle s’était ainsi présentée à la salle du trône sans raison et sans se faire annoncer. Ce qui nous surprit, c’est qu’elle était parvenue à pénétrer ces lieux sans se faire remarquer de quiconque et nous en ignorions la raison. Elle n’avait pourtant pas d’ailes elle-même. Si cela avait été le cas, nous aurions refusé de crainte que notre enfant ne porte cette marque trop évidente de son métissage. »

Encore une pause.

« J’ai soif, mon aimée, peux-tu me donner un verre d’eau ? »

Une fois sa soif étanchée, il put continuer à nouveau.

« Pour tout dire, nous pensions que cette femme était une aekin, car elle n’avait pas les yeux de notre peuple mais d’un autre côté, elle disposait de caractéristiques inconnues jusqu’alors, comme si elle n’était pas native d’un monde connu. C’est tellement stupide comme idée, d’où aurait-elle pu venir ? L’important, c’est qu’elle se proposait à nous comme mère de l’Héritier et que nous étions déjà trop âgés pour refuser une telle offre. »

Le roi sourit difficilement à sa fille.

« C’est bien dommage, j’aurais voulu vous connaître mieux encore tous les deux et voir ton frère monter sur le trône. »

Quinte de toux….

« Ainsi, nous la prîmes officiellement à notre service, comme suivante de ta mère, mais en fait, c’est la Reine qui s’occupa d’elle et non l’inverse. Dès que la grossesse se fit trop visible, nous la conduisîmes dans une demeure éloignée, un manoir creusé dans la pierre qui extérieurement ne ressemble à rien d‘autre qu’à une paroi de pierre. Résidence réservée aux personnes royales en cas d’invasion.

Ton frère naquit enfin, nous apportant une joie immense et un Héritier. Mais la femme inconnue – qui a toujours refusé de nous dire son nom – n’avait pas fini son travail auprès de nous. Selon elle nous devions avoir un deuxième enfant comme il lui avait été dit. Ta mère fut celle qui décida en la faveur de cette idée, désirant ardemment avoir une fille. Quant à moi, l’idée d’une alliance pouvant toujours être possible bien que difficile, n’y trouvait rien à redire.

Ainsi, deux années après la naissance d’Ekaël, tu vins au monde. L’inconnue disparut peu après et nous en conçûmes une grande peine car nous étions devenus attachés à elle. Pourtant elle était tellement discrète et surtout secrète. Nous n’avons jamais pu savoir quoi que ce soit de sa vie ou de ses origines mais nous l’avons aimée pour sa gentillesse, sa compassion et parfois même sa force. Tu lui dois aussi ta beauté, ma chérie.

Voilà, je pense t’avoir tout dit. J’ignore si tu pourras nous pardonner de t’avoir ainsi caché la vérité. Mais si tu la connais désormais, ton frère n’en doit rien savoir car telle était la volonté de votre mère de sang. »

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

Je posai une main sur ma poitrine. Un grand soulagement se fit en moi et je soupirai. Il n’avait pas été infidèle, du moins pas dans le dos de ma mère, celle qui m’avait élevée. Cela constituait pour moi un apaisement considérable. Je n’avais bien entendu jamais entendu parlé de la stérilité de ma mère, et c’était normal, vu le secret qui devait être un fardeau pour eux. L’amour que portait mon père à ma mère m’émouvait, je le sentais fort, puissant et inébranlable malgré le fait qu’elle soit décédée depuis quelques années maintenant.

Soudain, il blanchit, immobile. Je me relevais, paniquée puis posai une main sur la sienne. Je soupirai à nouveau. Il n’était pas mort… Pas encore, me disait mon esprit. Je repoussai cette idée. Pas encore, pas maintenant. J’espérai que ma présence le réconfortait quelque peu. Que pouvais-je faire de plus ? Rien d’autre, à mon humble avis. Seulement le soutenir dans ce moment de sa vie ou il approchait inexorablement de la mort.

Puis il reprit. Et ses paroles me troublèrent encore plus. Une femme se serait présentée à la cours au nom des Angekins pour servir en quelque sorte de mère porteuse ? C’était plutôt invraisemblable ! En d’autres circonstances, j’aurais cru à une vulgaire blague et aurais souri, blasée. Mais vu le sérieux dont mon père faisait preuve, ajouté à son état d’agonie, je ne pouvais que le croire. Il ne me mentirait pas en de telles circonstances. D’ailleurs, il ne mentirait pas tout court.

Heureusement, mon père était un homme compréhensif. Il me laissait le temps d’assimiler ce qu’il me disait et ne me noyait pas de paroles. Puis, il m’annonça que malgré qu’elle fut envoyée par des personnes ailées, elle-même n’avait pas d’ailes. Forcément… Deux enfants Demek ailés auraient sans doute parus suspects. Peut être une métisse, je l’ignorai. Une femme non ailée et apparemment avec des dons, cela me paraissait bizarre, mais bon, je ne posai pour le moment aucune question, je n’en voyais pas l’utilité, car je pensais bien que même mon père n’était pas au courant.

A sa demande, je me levai, me dirigeai vers la table où se trouvait un broc d’eau et un verre, que je remplis, et lui apporta. Je le soutins afin qu’il puisse étancher sa soif, puis, le rallongea doucement et posa le verre sur sa table de nuit.

Puis, il me raconta comment cette femme nous avait porter, mon frère et moi, cachée aux yeux de tous. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la sympathie pour elle, qui avait donné deux enfants à mon père et ma mère, qui ne pouvaient en avoir, et qui avait donné un prince héritier au Royaume, qui aurait sombré si cela ne se serait pas fait. Je n’aurais pas pu faire un tel sacrifice. Porter deux enfants et les abandonner pour les donner à leurs « véritables » parents… Je ne pourrais jamais.

A la fin de son récit, je repris sa main et la serra fort dans la mienne.

« Père… Comment ne pourrais-je pas vous pardonner ? Sans cette dame, nous ne serions pas nés mon frère et moi. Comment pourrais-je vous en vouloir d’avoir voulu des enfants ? Jamais je ne pourrais vous en tenir rigueur. Mais… Mon frère a-t-il également ses dons ?»

Puis, serrant toujours sa main dans la mienne, je passais l’autre sur son front brûlant et y déposai un baiser.

« Père… Qu’attendez vous de moi ? Je ferai tel que vous me le demander. »

Au moins il pourrait s’en aller dans l’autre monde l’âme en paix. Je ne montrais pas ma tristesse de je voir partir, je ne voulais pas le voir souffrir trop longtemps.

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

tatatatataaa..... Qui a dit qu'elle était venue "au nom des angekin"? Juste par un être ailé, un angekin ne représente pas tout son peuple ! lol

Le vieux roi regardait sa fille avec tendresse et compréhension. Il était évident qu’elle poserait des questions sur tout cela, et au point où il en était, nulle raison ne s’imposait de continuer à cacher quoi que ce soit à la Princesse.

« Ton frère a probablement des Dons lui aussi, mais j’en ignore la portée où les effets. Je sais juste qu’il doit continuer à els ignorer. Probablement jusqu’au jour ou ceux-ci se dévoileront d’eux-mêmes. Je n’aime pas avoir a vous cacher ce genre de choses, mais je n’ai pas le choix, ne serait-ce que par respect pour la femme qui nous a accordé ses faveurs et s’est retirée sans rien demander en retour. »

Le vieux roi toussa à nouveau, sa fin était proche, il le savait, mais il était tout de même heureux d’avoir pu parler à Aalis de tout cela avant qu’il ne soit trop tard pour le faire.

« Je ne te demande rien ma chérie, seulement de garder ce secret en toi. Je sais que c’est déjà beaucoup demander que de cacher des choses à ton frère mais en tout cas, telle est ma volonté. »

Le roi se tourna dans le sens opposé à sa fille et toussa brusquement, des tâches de sang apparurent sur le vert de son oreiller aux atours dorés.

C’est ce moment précis que choisis Ekaël pour pénétrer dans ce lieu précipitamment et sans s’annoncer. Il savait son père très malade et ils n’avaient pas de fausse pudeur à avoir entre eux à ce stade.

« Père…. »

La voix du jeune homme s’éteignit un peu sur la fin devant l’état du souverain.

« J’aurais souhaité venir vous voir plus tôt. »

Sans rien dire de plus, ils ‘approcha d’Erkys et d’Aalis, prenant la main de sa sœur dans la sienne en un fugace moment pour prendre à la suite celle de son père, bien plus froide.

« Aalis, je suis content que tu ai pu venir et je suis désolé de te demander cela mais… Pourrais-tu nous laisser seuls ? Il est des choses dont je dois parler avec père qui concernent le royaume et dont tu ne dois pas être informée. Vraiment, je m’en excuse. »

Le regard du Prince laissait voir toute la sincérité de ses paroles et la brillance de ses yeux montrait clairement l’état de peine de l’Héritier qui, tout comme sa sœur, allait perdre son père. Mais le devoir restait là.

Messages : 23 Date d'inscription : 24/02/2011 Age : 36

Je m’asseyais sur le bord du lit, totalement bouleversée par les multiples révélations faites par mon père. C’était si… Irréaliste. Et pourtant, tout cela m’avait l’air si vrai, si … C’était comme un rêve éveillé, dont je ne voyais pas le bout… Le début d’une vie dont je ne connaissais qu’une partie de la vérité.

Sentant que je dérivais, je me concentrais de nouveau sur les paroles du roi, a temps pour l’entendre dire que mon frère avait certainement des dons. J’en ignorais la portée, mais j’avais promis que je ne lui en parlerai pas, et je tiendrai cette promesse. A l’évocation de ma génitrice, je souris avec tristesse et compassion.

« Père, je comprends parfaitement. Ne vous en faites pas. »

Lorsqu’il toussa de nouveau, je posai une main qui devait lui sembler binz fraîche vu la chaleur que dégageait son front. Je lui versai de nouveau un verre d’eau, pour calmer l’irritation de sa gorge, et le posai sur la table de chevet, en prévision. Je repris sa main et la serrai fort dans la mienne. Sa douleur était mienne, je souffrais avec lui. Ma seule délivrance, mais aussi ma plus profonde tristesse, mon plus grand désespoir, était que sa douleur s’éteindrait sous peu lorsque son âme s’envolerait.

Puis j’acquiesçais à sa demande, cette promesse qu’il m’avait déjà arrachée. Mais, à ce moment là, il se détourna. Je me levais, sentant un drôle de goût sur mon palais; ferreux. Je compris en le regardant, vison d’horreur pour mes yeux de jeune femme. Du sang…. Mon père mourrait devant mes yeux. Je comprenais a présent sa douleur. Il luttait contre la mort en me parlant… Il agonisait. Je m’agenouillai de nouveau près de lui, retenant mes larmes de couler.

« Père… »

Puis, mon frère, Prince de Demek, Ekaël, entra précipitamment dans la chambre. Enfin ! Ma joie de le voir se mêlait à la douleur de voir mourir mon père. Puis, quand il prit ma main, ce fut pour moi comme un soulagement. Je n’étais pas seule devant cette épreuve qui nous attendait. Pourtant… Il aurait besoin de moi, et non l’inverse. Il aurait un devoir très important, il serait nommé roi de Demek… Il ne devrait versé aucune larme, et son devoir… Son devoir passerait avant tout. Et moi, en tant que reine, je devrais le soutenir. Je ne faillirai pas à cela.

Puis, mon père me donna congé. Je m’inclinai d’abord légèrement, puis déposai un doux baiser sur son front.

« Je repasserai plus tard. »

Puis, je me tournais vers mon frère, et posa une main sur son bras, le regard d’un regard lourd de sens, plein de tendresse et de douleur. Puis, je m’éloignais et fermai la porte derrière moi. Je fis quelques pas avant de courir… Courir loin, dans ma suite… Avant que les larmes ne surgissent. Mais, je ne pus les atteindre, et faisant fis de la fierté et de mon rang, je pleurai, libérant cette douleur… C’était certainement la dernière fois que je voyais mon père en vie.

Pourtant une flamme s’était allumée en moi. Cette femme, ma génitrice. Je la retrouverai… Coûte que coûte

Messages : 21 Date d'inscription : 19/02/2011

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